Anton Diabelli, Messe pastorale
Messe pastorale en fa majeur d’Anton Diabelli (1781-1858)
Anton Diabelli, né le 5 septembre 1781 près de Salzbourg, est issu d'une famille de musiciens. Dès son jeune âge, il a reçu une éducation musicale poussée, incluant une formation dans des monastères et des institutions religieuses. Bien que ses parents le destinaient à la prêtrise, la sécularisation de 1803 l'a poussé à se tourner entièrement vers la musique.
La Messe Pastorale en Fa majeur, op. 147 écrite en 1830 et publiée en 1831, est emblématique de son style. Elle suit la forme traditionnelle des messes pastorales du sud de l’Allemagne et de l’Autriche. Sa composition est caractérisée par des tempos modérés et une structure harmonique simple mais évocatrice, fréquemment utilisée pendant la saison de Noël pour rappeler la musique pastorale des bergers. Bien que certains critiques aient trouvé ce style de musique trop simple ou enfantin, Diabelli utilisait cette simplicité pour évoquer une « paix sur Terre » et susciter la dévotion.
Cette messe est devenue rapidement populaire, mais a ensuite été critiquée notamment pour son caractère jugé trop léger et dansant, ce qui allait à l’encontre d'une liturgie épurée de toute émotion excessive. En effet, le milieu du XIXe siècle a vu émerger en Allemagne et en Autriche le mouvement réformateur cécilien qui voulait "purifier" la musique liturgique en la rendant plus austère, en évitant les éléments perçus comme trop légers, profanes, ou théâtraux. critique cécilienne souligne une vision stricte de la musique d'église, favorisant une approche plus austère et distante. Cependant, la diversité d’opinions sur le style musical religieux a été laissée au jugement des auditeurs et des interprètes eux-mêmes.
L’ensemble vocal Tutti propose, sous la direction d’Antoine Miannay qui l’accompagne au piano, de redécouvrir ce compositeur peu connu et, espérons le, de contribuer en l’interprétant à incarner musicalement cette « paix sur Terre » qui est aujourd’hui malheureusement encore bien malmenée.